Le barreau aficionado

Publié le 26/05/2012 à 06h00 - Sud Ouest
Par Benjamin Ferret     
Photo Isabelle Louvier        

À l'occasion de la feria de Toros y Salsa, du 7 au 9 septembre prochain, les avocats dacquois organisent la 4e édition des Rencontres internationales du droit taurin.

Aujourd'hui bâtonnier de Dax, Me Philippe Lalanne n'en demeure pas moins un aficionado actif. Il a notamment fait partie de la commission taurine de Dax.

Elle a beau être considérée par le ministère de la Culture, depuis l'an dernier, comme un pan du patrimoine immatériel de la France, la tauromachie n'échappe pas à la règle. À l'image de n'importe quel spectacle, les corridas sont régies par des lois. Celles du règlement taurin, évidemment, mais surtout celles qui président notre société. « On a trop souvent tendance à penser que la tauromachie fonctionne selon la coutume et des pratiques traditionnelles », observe Me Philippe Lalanne.

C'est la raison pour laquelle le bâtonnier de Dax s'est lancé dans l'organisation de la 4e édition des Rencontres internationales du droit taurin. Celle-ci, annoncée dans la cité thermale du vendredi 7 au dimanche 9 septembre prochain, à l'occasion de la feria de Toros y Salsa, fait suite à une édition qui s'est tenue l'an passé, à Séville, en parallèle à la feria de la San Miguel, fin septembre. « Au-delà de l'échange sur des problématiques - communes ou différentes - que nous pouvons avoir entre avocats de différents pays de traditions taurines, nous tentons d'apporter notre pierre à l'édifice et de contribuer à la défense de la tauromachie. »

« Un socle légal »
Contestée par une frange de la population, la culture taurine, aussi légitime soit-elle, n'en demeure pas moins fragile, comme l'explique le bâtonnier dacquois. « En France, la tauromachie repose sur un socle légal qui est compatible avec notre Constitution. Mais comme dans tout pays démocratique, des élus peuvent décider d'une loi qui pourrait ruiner cette tradition. »
Celle qu'ont votée, par exemple, les députés des Cortes catalans en 2011 et qui interdit depuis le 1er janvier dernier la tauromachie dans les arènes de cette communauté autonome. « Cette interdiction est en revanche contraire à la Constitution espagnole, confie Philippe Lalanne. Un recours a été déposé, il est en cours d'instruction et pourrait aboutir. » Depuis le mois de juin dernier, un Institut du droit taurin, basé à Nîmes, travaille ainsi de concert avec l'Observatoire des cultures taurines et son pendant espagnol, la Mesa del toro.
« Il s'agit de définir de quel arsenal légal et constitutionnel nous disposons », résume Philippe Lalanne. Sans pour autant faire de la politique, « parce qu'un toro a une corne gauche et une corne droite », le bâtonnier a également invité plusieurs parlementaires, qui attendent sûrement la fin du scrutin législatif pour confirmer leur venue.

Ouverte à tous

Si les deux derniers jours seront réservés à 150 avocats réunis autour de Me Gilbert Azibert, premier avocat général à la Cour de cassation, le barreau de Dax a souhaité organiser une première journée ouverte à tous avec, à l'Atrium, deux conférences-débats animées par Pierre-Albert Blain.

« Le milieu taurin est parfois en décalage avec celui du droit », estime Philippe Lalanne. La première table ronde sera ainsi consacrée à « la corrida et le droit à l'image » et comptera entre autres avec le matador Julien Lescarret et Me Michel Dufranc, avocat et maire de La Brède, arène la plus au nord de la planète des toros. « Si les exigences du G10 sont disproportionnées par rapport à la crise actuelle et vont à l'encontre des intérêts du public, la transparence n'est pas une mauvaise chose. C'est la preuve que la tauromachie évolue ; que les matadors confient leur image à des entreprises spécialisées, cela change des négociations confidentielles autour d'une table entre l'apoderado et l'empresa. »
La deuxième conférence autour du « droit à la corrida » risque pour sa part d'ancrer un peu plus le torero dans la société. « Quel est le statut du torero, en France, par rapport au droit du travail ? », interroge par exemple le bâtonnier, qui fut un temps membre de la commission taurine de Dax.
Que faire, également, en cas de blessure ? « Le torero est un citoyen comme les autres. Quand il est blessé et va à l'infirmerie, cela relève de sa vie privée et du secret médical.»

 

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